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Nataliya Kogut

Designer Médical

“Nous les designers, avons un rôle à jouer sur la vie du patient,
sur la stigmatisation, la désirabilité, l’acceptabilité, et la vision de l’autre.”

Mémoire de fin d’étude “S’atteler à la tâche”

Mémoire de fin d’étude “S’atteler à la tâche”

 

Son parcours :

Nataliya Kogut est une designer spécialisée dans le médical

 

Diplômé d’un Bac S, Nataliya a toujours été passionnée par les sciences, la biologie, mais aussi par le domaine des arts. Elle a développé son côté créatif, en pratiquant le dessin, la danse, la poterie, le bricolage…

S'orienter dans des études supérieures ne fut pas facile, mais finalement elle a fait le pari de tenter sa chance en école d’art, en intégrant la MANAA de l’école de Condé de Nice. 

 

Anecdote : Le choix d'études artistiques n'a pas été facile à assumer face à des parents qui voulaient pour leur fille des études qu'ils considéraient plus élitiste tel que le droit ou la médecine. Mais ils lui ont fait confiance, et aujourd’hui Nataliya leur en ai reconnaissante. 

 

En MANAA, Nataliya s’est révélée, elle n'avait jamais autant travaillé de sa vie, et a pris conscience de ses capacités (comme passer 16h à dessiner un portrait). Cela a été source de beaucoup d’ouvertures. Elle a poursuivi ses études  par un BTS ( école Jean Perrin de Marseille) en design d’objet.
Elle a adoré ces années là-bas, effectivement au cœur d’un plateau technique, elle a pu apprendre le design entourée de machines d’usinage, du pôle plasturgie et de chaudronnerie. Mais petit à petit, se rendant compte de l’impacte écologique du design Nataliya se tourna vers des matériaux, plus écologiques… Pour ensuite, intégrer le DSAA éco-responsable de la Souterraine. Lors de cette formation, qui l’a complètement enthousiasmé,  elle a beaucoup appris et surtout sur elle-même !

 

Durant ce cursus elle effectue un stage en Ukraine, son pays d’origine. Curieuse de voir comment le design était pratiqué là-bas. Elle a travaillé dans l’agence et éditeur  ODESD2. C’était une belle expérience dans le design de mobilier. 

 

Mais le stage qui a le plus passionné Nataliya fut au sein du studio Medical Design. C’est cette expérience, qui l’a poussa à continuer ses études en Master 2, alors qu’à l’origine elle souhaitait faire des études courtes ! Elle a fait le choix de rejoindre le master : génie mécanique, ingénierie du design industriel et stratégie du design, à Paris-Saclay - Evry Val d’Essonne en Partenariat avec l’ENSAAMA. Ses motivations étaient de travailler auprès d'ingénieurs afin de comprendre leurs méthodologies et d'acquérir leur vocabulaire. 

 

“Dans le design médical, tu travailles avec des bureaux d’études, remplis d'ingénieurs, il fallait que j’ai leur vocabulaire, leur façon de développer un projet, leurs méthodologies et leurs technologies.“

 

Elle a clôturé son master par 6 mois de stage à nouveau chez Medical Design. Et depuis qu’elle est diplômée, elle collabore avec son fondateur, Matthieu Robert.

S'Atteler à la tâche :

 

Son projet de mémoire, elle était déterminée à le faire sur le thème du médical. C’est son parcours en tant que patiente qui lui fait choisir la thématique de l’auto-rééducation. Effectivement, suite à des problèmes de genou, Nataliya devait faire des séances de kiné. Elle s’est alors confrontée aux difficultés de suivi que rencontrent de nombreuses personnes en zone rurale. 

 

Son mémoire “S'atteler à la tâche”, s'intéresse à : comment continuer sa rééducation entre les séances ou après, afin de consolider le travail fait avec le Kiné. Elle s’est questionnée sur comment motiver une personne à continuer ses exercices à la maison, sur l'acceptation de la pathologie et la non stigmatisation.

 

Dans son projet de diplôme, elle a mis en pratique ses recherches en concevant des dispositifs d’auto-rééducations. Elle les a conçues avec l’aide de Kinés et érgotérapeures (Centre de Rééducation et de Réadaptation André Lalande ), et a donné une dimension lowtech à sa solution, proposant des éléments en bois, cuiret métal, qu’elle a prototypé elle-même. Elle s’est aussi appliquée à casser l'aspect médicalisé de nombreux objets de rééducation pour les inclure dans l’habitat. 

 

Nataliya insiste sur le fait que la rééducation doit avoir lieu chez le kiné, sinon cela peut s'avérer dangereux. Elle propose des solutions de suivi par application pour entretenir les progrès faits avec son kiné à la maison.  

 
Bascule-pied un outil de rééducation musculaire de la cheville. 

Bascule-pied un outil de rééducation musculaire de la cheville. 

 

Être designer médical : 

 

“Quand on fait du design médical, il faut être très modeste et écouter des professionnels.”

 

Le design médical n’est pas une spécialité que l’ont choisi au hasard. Effectivement, il faut être passionné pour en faire son métier. Elle estime qu'elle passe plus de 70% de son temps à mettre à jour ses connaissances, notamment en visionnant des vidéos d’actes médicaux pas toujours facile à regarder !

 

Les projets que développe Nataliya sont très techniques, comme un Laryngoscope (sert à réaliser des intubations trachéales ) , ou des outils de chirurgie de pointe.

Pour la grande majorité de ses projets, elle se retrouve mandatée par des bureaux d’études. Nataliya, regrette qu’il n’y ait pas plus de designers intégrés dans les équipes d'ingénieurs. Effectivement, le designer apporte une vision autre, centré sur l’usagerPenser les outils, objets, du côté du patient, tenir compte de la désirabilité des objets n’est pas négligeable et peut amener à plus de résilience. 

 

“Nous les designers, avons un rôle à jouer sur la vie du patient, sur la stigmatisation, la désirabilité, l’acceptabilité, et la vision de l’autre.”

 

Elle travaille aussi beaucoup sur l'ergonomie des dispositifsla facilité de prise en main est déterminante, par exemple pour un acte d’urgence, il faut que l’objet soit le plus facilement utilisable, (pour les droitiers et les gauchers !), car chaque seconde compte. 

 

Anecdote : Parfois, Nataliya se retrouve fasse à des projets complexes où il faut faire des concessions.. le client est mandataire mais il faut l’orienter vers la bonne voie. Elle a eu un client qui voulait à tout pris qu’elle intègre des empreintes de doigts sur un Laryngoscope; Alors qu’il s’agit d’une manipulation où les doigts sont amenés à être déplacé sur l’instrument. Cela rendrait l’objet difficile d’utilisation pour les gauchers et ce n’était ergonomique.

 

Ainsi le design médical, c’est aussi faire des concessions. L’un des aspects qui touche le plus Nataliya, en tant que diplômé d’un DSAA design éco-responsable, c’est la quantité de déchets produits par le médical. Car tout est à usage unique, (pour des raisons d’hygiène évidente), alors que d’autres pays, comme l’Allemagne, font le choix de la stérilisation. Mais surtout aucun matériau n’est recyclé. Elle espère qu’un jour une loi passera et que cela motivera l’industrie médicale à s’engager et à penser autrement.

 

Dernièrement avec la crise sanitaire du Covid-19, Nataliya a participé au combat au sein d’un groupe pluridisciplinaire de designer, makers, chimiste et facilitateur de lien pour la conception et la diffusion de bonnes pratiques pour la désinfection des visière. Elle s’est conforté dans l’idée que le designer est indispensable dans le domaine du soin et fait le lien entre les professionnels de santé et les usagers pour une bonne compréhension.

 

En bref

 

Déterminée, engagée et passionnée, Nataliya a su suivre ses intuitions, elle s'épanouit dans ce métier, où elle ne cesse d’apprendre et où elle se sent utile ! 
“ Je me suis tenue à mes passions, j’ai osé, si je n'avais pas fait tout ça, je ne serai pas la personne que je suis aujourd’hui. “

 

Plus d’infos ici :

http://medicaldesign.fr/accueil/nataliya-kogut/ 

http://designmedical.blogspot.com/2019/05/auto-reeducation-poursuivre-sa.html